Spiritualité
Prières,
chants et méditation sont tous
des éléments de la spiritualité
qui permettent à l’homme de
s’accomplir et de mieux
apprécier la vie. Visitez avec
nous quelques sites spirituels
où les autres, même de très
loin, peuvent partager avec
nous.
Pastorale
d’animation Jeunesse (Pasaj)
http://www.pasaj.ch/presentation-de-pasaj-article3.html
Hommage à
la vocation
La vie de notre Frère André
________________________________________________________
D + S
Frère Émile Le Borgne
(André de Candie),
1912-2003
Texte de Fr.
Joseph Bellanger
15 novembre
2003
/
1
La scène
se passe à l’Hôpital du Canapé
Vert pendant la visite du
médecin, il y a une semaine.
Question du médecin : Frère
André, depuis combien de temps
es-tu en Haïti ?
Réponse du Frère, les yeux à
peine ouverts, mais la diction
claire :
* Je suis arrivé en Haïti le
1er octobre 1929, à
Jacmel. Le soir j’étais à
Port-au-Prince, à Saint-Louis de
Gonzague. Le lendemain, j’étais
à Port-de-Paix.
- Mais, Frère André, quel âge
avais-tu ?
* 17 ans et demi.
- 17 ans ? Tu étais déjà frère ?
* Oui, bien sûr.
- C’était sérieux ? Tu savais ce
que tu faisais ?
* La preuve, je suis là
aujourd’hui.
Tel est le Frère André qui nous
réunit ce matin : une vie, une
seule vie, une vie missionnaire,
une vie pleine, une vie
heureuse. « C’était un saint
», a avoué sa cousine quand, par
le Frère Provincial de France,
elle a appris son décès, - le
saint dans la vie quotidienne.
/
2
La
description du voyage
terrestre de Frère André est
brève. Il suffit de nommer cinq
localités :
+
Plouhinec,
dans le département du Morbihan
en France : c’est là qu’Émile
(c’est son nom de baptême) est
né le 19 février 1912. Il n’a
jamais connu sa maman morte à sa
naissance. Deux ans plus tard,
la guerre est venue. Une enfance
marquée par l’épreuve.
+
Hennebont,
dans le même département : Émile
a 12 ans, il commence une
nouvelle route pour répondre à
l’appel du Seigneur à devenir
Frère. Il y reste trois ans.
+
Jersey,
une île anglo-normande dans la
Manche : Émile entre au Noviciat
des Frères de l’Ins-truction
Chrétienne et devient Frère
André de Candie.
+
Port-de-Paix :
ayant exprimé le désir de partir
à l’étranger (soit l’Égypte,
soit Haïti), Frère André prend
le bateau à Bordeaux pour les
Antilles : parmi ses compagnons
de voyage, le Frère Jude. La
traversée se fait en une
douzaine de jours. La première
affectation est Port-de-Paix :
Frère André y reste professeur
pendant trois belles années.
+ Port-au-Prince : c’est
l’Institution Saint-Louis de
Gonzague qui bénéficie de la
présence, de la compétence et de
la disponibilité de Frère André
comme professeur, préfet de
discipline, économe, directeur,
auteur de manuels. Pendant six
années, il est membre du Conseil
de la Province. Quelques
absences prolongées aux
États-Unis et à Cuba lui sont
accordées pour affiner ses
connaissances linguistiques. De
1932 aux premiers jours
d’octobre 2003, Frère André a
fréquenté cette chapelle chaque
jour. Entre le petit frère à la
soutane noire (paraissant si
jeune qu’on se demandait s’il
avait fait sa première
communion) et le vieillard
handicapé participant aux
célébrations derrière ce
maître-autel, c’est toute une
histoire dont nous ne pouvons ce
matin que signaler quelques
notes plus significatives.
/
3
Si la description des étapes est rapide, la
route parcourue
est plutôt longue. On avait même
commencé à relever des records :
+
record de l’âge :
notre Frère André est
nonagénaire. Il allait avoir 92
ans dans trois mois. Son
compagnon de Port-de-Paix, Frère
Anselmo, de même âge, est
actuellement en Argentine.
+
record des jubilés :
50, 60, 70, 75 ans de vie
religieuse, et cette année,
Frère André est à sa 75e
année de présence en Haïti.
Cette fidélité est encore
soulignée par le fait que 2003
rappelle qu’il y a 70 ans, Frère
André prononçait ses vœux
perpétuels dans cette chapelle.
+
record de stabilité :
plus de 71 ans de suite dans la
même maison. Pas dans la même
communauté. En arrivant à
Saint-Louis en 1932, Frère André
entrait dans une communauté de
34 Frères, dont 23 avaient moins
de 30 ans, le plus âgé avait 61
ans et le Supérieur, 40 ans. Non
loin de là, il y avait 5 Frères
dans la communauté de
Pétionville, Saint-Joseph, et 7
Frères dans la communauté de
Jean-Marie Guilloux. Pas dans le
même poste non plus. Mais
toujours le même objectif :
servir.
+
record de vacances locales :
depuis 1983, depuis 20 ans,
Frère André n’est pas retourné
dans sa province natale, auprès
des membres de sa famille.
Devant un tel palmarès, comment,
du moins à vues humaines, ne pas
féliciter le héros ? Mais c’est
mal connaître l’intéressé qui
vous répond avec force
conviction : « Pourquoi me
féliciter ? Je n’y suis pour
rien. C’est le Bon Dieu qui m’en
a fait cadeau. C’est Lui qui
fait tout. C’est Lui qu’il faut
féliciter. »
/
4
Quand le nonagénaire qu’était devenu Frère André relisait sa
vie, c’était toujours avec
beaucoup d’émerveillement,
dans un climat de prière de
louange, de reconnaissance et
d’action de grâce.
« Sans fin, Seigneur, je te louerai dans la grande
assemblée », surtout dans
l’assemblée des enfants. De la
fin de l’occupation américaine à
l’aujourd’hui de l’histoire
nationale, Frère André en a vu
des choses … Mais il a surtout
vu et aimé des enfants et des
jeunes : sa vie en est peuplée.
À Port-de-Paix, il avait appris à être proche des gens des
mornes et des campagnes. Il en
était arrivé à cette conviction
ferme : « Ce peuple est bon …
Que de gens aimables, dévoués !
Pourquoi est-ce comme cela
maintenant ? Pourquoi est-ce
qu’on n’arrive pas à s’entendre
? C’est si simple ! »
Nommé à la capitale, il a occupé des postes importants dans
l’Institution. Il a su rester
aux côtés des petites gens,
comme les marchandes du marché
Salomon, tout en ayant à
rencontrer des locataires du
Palais National, des ministères
et des ambassades …
Un Frère, venu comme coopérant pendant deux ans, alors que
Frère André était directeur,
témoigne : «
Je t'envoie ce petit mot pour te
dire tout simplement mon émotion
d'apprendre le décès du Frère
André. Il fut mon directeur à
Saint-Louis, quand j'y étais
(1966-1968). Je redis à cette
occasion la joie d'avoir eu un
tel directeur et supérieur, bon
et compréhensif, pacifiant et
doux.
».
/
5
Notre Frère qui n’aimait pas le grand tralala a toujours été
un rude
travailleur.
Il s’agissait de bien remplir la
mission qui lui était confiée.
Vraiment pas fait pour les
mathématiques, il a pourtant
été économe (près de 25
ans) … et les comptes étaient
bons. Il savait administrer. À
plusieurs reprises, il a fallu
faire avec des gens imprévus :
les voleurs. Parfois l’agression
est violente : il y a des
blessures. D’autres fois, dans
l’épreuve, il y a une certaine
joie : quand, par exemple, les
voleurs sont partis sans le
butin parce que, pendant leur
fouille, ils n’ont pas vu la
caisse (une caisse chargée !)
sur laquelle était assis le
Frère André …
Mais le domaine des langues
était la passion de Frère
André : du breton natal au
français, puis à l’anglais et à
l’espagnol, au créole, au latin
et même au grec. Cette dernière
langue a été étudiée en
autodidacte (en tandem avec le
Frère Jean-Gabriel) pour être
prêt à donner un enseignement de
qualité au moins égal à celui du
Collège d’en face, à savoir du
Collège Saint-Martial : saine
émulation de ce temps-là pour la
noble cause de l’éducation ! La
maîtrise de toutes ces langues
représente des heures et des
heures de travail systématique
tout au long de l’année, crayon
en main, avec des moments plus
intenses : cours d’été à
Pétionville, sessions prolongées
d’initiation aux États-Unis et à
Cuba. … Sur son lit d’hôpital, à
la demande de ses visiteurs,
Frère André a pu prier l’Ave
Maria en breton,
français, latin, espagnol,
anglais. Il n’a pas voulu le
faire en grec, car, selon lui, «
les orthodoxes ne savent pas
ça ! »
Si la radio l’a beaucoup aidé
dans l’apprentissage des
langues, un autre instrument
moderne va contribuer à rendre
sa vieillesse active et féconde.
C’est à 72 ans que Frère André
se met à l’ordinateur. Il
est alors déchargé de la
direction, de l’économat et de
l’enseignement, à part quelques
cours qu’il monte donner au
Juvénat de Pétionville. Nous
sommes dans les années 1980. Il
faut rénover les ouvrages, avant
même que ne soit codifié le Plan
national d’Éducation 2004. Frère
André se met à l’œuvre : sa part
est essentielle dans la
publication de diverses séries :
Mieux Parler, Je lis et je
parle avec plaisir, Pour lire
avec plaisir, Go For English,
Hablemos Espanol …
L’ordinateur ayant toujours
raison et l’homme toujours tort,
Frère André apprend patiemment à
avoir tort. Perd-il une page
entière qu’il a préparée avec
soin, il hausse les épaules avec
une note d’indifférence : «
C’est ben égal », tout en
traitant l’ordinateur de mule …
Ce long travail dans les
coulisses a porté de beaux
fruits. Le visiteur qui traverse
Haïti de Ouanaminthe à Tiburon
voit ici ou là des enfants avec
ces livres dans les mains.
L’auteur est inconnu,
qu’importe : ce qui compte,
c’est l’instruction
effectivement transmise. Il est
à souhaiter que les professeurs
utilisent les ouvrages préparés
par le Frère André avec les
mêmes exigences pédagogiques de
patience, de progression et de
clarté.
Il faudrait enfin noter que
cette maîtrise des langues a
fait de Frère André un grand
lecteur, jusqu’à la fin de
sa vie. Ses derniers livres
préférés (surtout pour la
lecture dite spirituelle)
étaient toujours sur son
bureau : en anglais, une
présentation synthétique de la
Somme Théologique de Saint
Thomas ; en espagnol, les Œuvres
du Bienheureux Escriva de
Balaguer ; en français, les
développements du Credo …
Lecture spirituelle, parce que
lecture qui alimentait sa prière
et la relecture de sa vie.
/
6
Notre Frère André était un
homme heureux.
L’humour du Frère André
l’a accompagné jusqu’à
l’Hôpital, ces dernières
semaines. En regardant ses bras
gonflés par l’œdème, il disait :
« Mais c’est pas mes bras, ça !
C’est pas les bras du p’tit père
! »
Frère André a connu des grandes
amitiés. La Province
Saint-Louis de Gonzague ne peut
pas ne pas associer les Frères
Joachim, Jean-Gabriel et André.
Donner du bonheur,
voilà sa préoccupation
quotidienne. « Je demande au
Bon Dieu chaque matin de me
donner quelqu’un à qui je
pourrai faire plaisir. Je lui
demande que les personnes que je
rencontre ne s’éloignent pas de
moi sans un motif de
contentement. C’est si simple :
un petit mot, un petit geste, un
petit sourire… » Tout semble
petit chez Frère André, mais
c’est brodé aux couleurs de
l’amour. « La vie doit être
un courant d’amour », a-t-il
noté en espagnol.
Sa première expérience de
Port-de-Paix, des vacances à
Beausséjour, les cours de
vacances à Pétionville, la
fierté devant d’anciens élèves
généreux, la montée de la
pratique religieuse chez les
hommes de 1930 à aujourd’hui, la
présence croissante de Frères
autochtones, la découverte de
professeurs et d’éducateurs qui
travaillent avec les Frères et
qui prennent le relais, le
dévouement des infirmières, des
gardiens et des médecins, la
sollicitude des confrères … tout
se rejoint dans le cœur de Frère
André et devient prière simple
et dense : « Merci, Seigneur,
merci ! Mon Dieu, tu n’es que
bonté. Tu n’es qu’amour ! »
/
7
Cet homme qui respire la joie de
vivre connaît aussi la
souffrance.
Souffrance physique : il a fallu
plusieurs fois s’en remettre aux
médecins ; les dernières
semaines n’ont pas été faciles.
Sur les lèvres du malade,
couraient les paroles de
l’Évangile : « Si quelqu’un
veut être mon disciple, qu’il
porte sa croix et qu’il me suive
! » Et il continuait : «
Mon Dieu, non pas ce que je
veux. Mais ce que tu veux …
», sentiments dignes d’un fils
de Jean-Marie de La Mennais. Ou
bien, il reprenait ce couplet :
« Fais que je marche,
Seigneur, aussi dur que soit le
chemin. Je veux te suivre
jusqu’à la croix. Viens me
prendre par la main. »
Souffrance ressentie au regard
de tous ceux que l’on doit
refuser chaque année faute de
place ! « Pourquoi faut-il que
l’on se fasse tant d’ennemis ? »
Souffrance devant la
détérioration du milieu de vie.
« Haïti n’est plus Haïti !
Haïti ne mérite pas ça. C’est
pas Haïti, ça ! »
Souffrance accueillie dans son mystère, souffrance qui
n’entamait en rien sa solide
foi :
« Dieu fait bien tout ce qu’il
fait. Je remercie le Bon Dieu
tous les jours. »
/
8
Cet homme a désormais sa place
dans notre mémoire, la mémoire
du coeur.
Un petit homme s’en va.
Mais quel homme !
Un breton tenace, façonné par
l’Évangile, par la vie avec des
Frères bien différents de lui et
par l’insertion dans la culture
haïtienne. En 92 ans, le
Seigneur a sculpté un beau
chef-d’œuvre.
Un homme fort, un témoin
convaincu, un authentique
consacré, un éducateur dont Dieu
Seul sait la qualité
exceptionnelle.
Un ami de Dieu : il a
traversé le siècle de prophètes
de la mort de Dieu. Il a
commencé le nouveau siècle dans
la contemplation du Dieu vivant,
celui que nous célébrons dans
cette eucharistie. Le premier
témoignage du Frère dit que «
Dieu existe », pour répéter
la Règle de Vie des Frères. Dieu
Seul !
Un fils de Dieu, un frère : il
nous laisse le témoignage que la
fraternité est le seul avenir de
l’hu-manité, de notre pays. En
pleine activité, il lançait ici
même l’expérience de la
rencontre des grands élèves avec
des gens non alphabétisés :
c’était l’école du soir qui se
poursuit jusqu’à ce jour à
Delmas. C’est si simple quand on
s’entend !
/
9
Avec Frère André, soyons
aujourd’hui dans l’action de
grâce.
Avec Frère André, soyons heureux
d’être aimés passionnément par
notre Dieu. « Béni sois-tu,
Seigneur, Dieu de tendresse et
d’amour », tel était l’un de
ses refrains préférés.
Avec Frère André, soyons témoins
que la vie est belle et que ce
qui compte, c’est d’aimer.
Jeunes,
qui voulez mettre vos pas dans
ceux de Jésus, n’hésitez pas.
Comme Frère André jeune, dès
maintenant, dites oui.
Amis,
professeurs, parents,
anciens élèves ici
présents, vous êtes invités à
garder la grâce de la sérénité
qui n’empêche nullement la
fermeté et la persévérance de la
volonté sur la route du bien.
Nous en avons un besoin urgent
dans notre actualité que suivait
le Frère André et qui trouvait
large écho dans son cœur :
compassion, espérance,
indignation quelquefois, amour
toujours.
Et en cela, nous pouvons tous
être missionnaires comme
l’était avec ferveur notre frère
André : pas de discours, mais
une présence active à tout
Haïtien (dès l’enfance) comme à
un ami, une attention
sympathique aux possibilités de
faire du bien et du beau dans ce
pays, une familiarité intense
avec le monde de Dieu qui ouvre
les voies de la communion et de
la paix.
Dans son message pour la Journée
mondiale de la paix, le 1er
janvier 2003, Jean-Paul II a
présenté les quatre piliers de
la paix remis à l’Église et au
monde par Jean XXIII dans
Pacem in terris. C’est comme
un portrait de notre Frère
André, notre portrait. Je cite :
Jean XXIII n'était pas d'accord
avec ceux qui considéraient que
la paix était impossible. Il fit
en sorte que cette valeur
fondamentale – avec toute son
exigeante vérité – soit une
lumière sur les aspirations de
toutes les populations de la
terre à vivre en sécurité, dans
la justice et dans l'espérance
en l'avenir. Jean XXIII
identifia les conditions
essentielles de la paix, à
savoir les quatre exigences
précises de l'esprit humain: la
vérité, la justice, l'amour et
la liberté. La vérité
constituera le fondement de la
paix si tout homme prend
conscience avec honnêteté que,
en plus de ses droits, il a
aussi des devoirs envers autrui.
La justice édifiera la
paix si chacun respecte
concrètement les droits d'autrui
et s'efforce d'accomplir
pleinement ses devoirs envers
les autres. L'amour sera
ferment de paix si les personnes
considèrent les besoins des
autres comme les leurs propres
et partagent avec les autres ce
qu'elles possèdent, à commencer
par les valeurs de l'esprit.
Enfin, la liberté
nourrira la paix et lui fera
porter du fruit si, dans le
choix des moyens pris pour y
parvenir, les individus suivent
la raison et assument avec
courage la responsabilité de
leurs actes.
Autour de Frère André qui nous
rassemble ce matin, ne faisons
qu’un en Église pour porter
l’es-pérance de notre pays
blessé, mais vivant.
/
10
Un jour, un enfant de première
année est envoyé par son
professeur auprès du Frère
André. Il ne le trouve pas dans
son bureau. Il retourne dans sa
classe au bas de la cour : «
Madame, le petit tonton n’est
pas là. » Quand l’histoire
lui est racontée à la récréation
suivante, Frère André est le
premier à rire. Désormais, on ne
verra plus le petit tonton
dans son petit bureau. Mais son
cœur de frère, d’ami,
d’éducateur, de missionnaire, de
témoin, continuera de nous
rejoindre de l’au-delà comme il
battait fort en son corps
fragilisé. Un cœur d’apôtre,
dit la Règle de Vie.
L'apôtre qui se rend chez un
peuple, dans l'intention de
l'évangéliser, voit les hommes
qui l'entourent non seulement
comme ils sont avec leurs
richesses et leurs carences mais
comme le Christ les voit, avec
amour et sans les juger. Il les
aborde avec un préjugé favorable
et montre à leur égard plus que
de l'objectivité: une
« partialité de coeur ». (D129)
Un nonagénaire s’en va. Une
place reste vide. La moisson
est grande, toujours grande
au pays de Pierre Toussaint et
du Père Farnèse Louis-Charles.
Frère André est maintenant chez
le maître de la moisson.
On pouvait lire sur un billet
(écrit en anglais) qui lui
servait de signet : « La
mesure de l’amour, c’est d’aimer
sans mesure. » Dans son
intercession, il porte nos
prières et appuie nos gestes
pour que la moisson haïtienne
soit abondante : moisson de
vérité et d’amour, moisson de
justice et de liberté, moisson
de sainteté.